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Et si le massage était une danse ? – Massage et danse par Marion Baudinaud

Dernière mise à jour : 21 oct.

Une exploration du mouvement, du lâcher-prise et de la sensibilité


mains qui dansent, l'ambition d'être tendre

Je n’avais jamais vraiment cherché à faire le lien entre ma danse et mon métier de praticienne en massage.

Pourtant, depuis un peu plus d’un an que je pratique, cette évidence s’est doucement imposée : ma danse est toujours là, dans mes mains, dans ma manière de toucher, de ressentir, d’écouter, de respirer.


Massage et danse : un même langage du corps


Je ne suis pas particulièrement formée aux techniques somatiques, mais ma pratique m’amène à en percevoir certains échos : une écoute du corps, une conscience du mouvement, une recherche d’équilibre entre le geste et la sensation.

Ce que je découvre aujourd’hui, c’est un lien vivant, né de l’expérience et du ressenti.

Une recherche sensible, en mouvement.


La danse de l’authentique


Dans mon parcours de danseuse, notamment avec Christophe Garcia, j’ai beaucoup travaillé sur la notion d’interprète authentique : effacer les mécanismes du “port de tête”, les postures apprises, pour retrouver l’être qui bouge, et non la danseuse qui exécute.

Chez lui, la technique est pourtant très présente — la physicalité y est intense, exigeante — mais elle se met au service du vrai.

Le rapport entre danse et théâtre y est profond : l’expressivité, le sensible, l’humain d’abord.



Cette recherche rejoint ce que j’ai découvert chez Merce Cunningham : le retour à la maison, cette idée d’un centre à retrouver avant d’aller explorer plus loin, repousser ses limites.

C’est là que se joue l’ancrage, ce point de départ d’où tout mouvement prend racine.


ancrage et poids du corps dans la pièce Beach birds de Cunningham

Le corps comme langage commun


La danse m’a appris à écouter.

À percevoir ce qui se passe en dessous du geste : la respiration, le poids, la gravité, les appuis.

Quand je masse, cette écoute revient naturellement.

Je me connecte à la respiration de la personne, à la texture du muscle, au rythme du corps.

Le massage devient un dialogue silencieux — un échange de mouvements, une danse à deux.

Je ne cherche pas à reproduire une chorégraphie, mais à suivre une musicalité intérieure.

Mes gestes s’adaptent, se laissent guider.

Il y a une forme de présence totale, une attention à ce qui est là, à l’instant.

Depuis que j’explore ce lien entre danse et massage, j’ai découvert quelques textes sur les pratiques somatiques, comme ceux présentés par l’International Association for Dance Medicine & Science (IADMS).

Ces approches invitent à “ramener la conscience dans le mouvement” : à bouger avec plus d’efficacité, de relâchement et d’authenticité.

Même sans les connaître auparavant, je me retrouve dans cette idée : écouter le corps de l’intérieur.



Le rythme, la musique et le voyage

Comme en danse, le rythme joue un rôle essentiel.

Il peut être lent, fluide, profond, ou plus dynamique selon les besoins du moment.

Souvent, la musique accompagne la séance — elle soutient le mouvement — mais parfois, le silence devient lui-même une musique.

« Le massage commence et le temps se suspend… »Aude-Marie G.« Tout est fluide et harmonieux. J’ai fait un voyage magnifique avec le massage de Marion. »Haruka M.« Son soin va bien au-delà d’un simple massage, c’est une expérience complète, à la fois physique, énergétique et profondément relaxante. »Marion Jousseaume

Ils traduisent peut-être ce que je ressens aussi : cette sensation de voyage, de lâcher-prise, quand le toucher devient mouvement et invite à s’abandonner.

En repensant à la méthode Feldenkrais, que j’avais déjà pratiquée plus jeune au conservatoire, je réalise combien elle prend aujourd’hui un autre sens.

J’en ai fait à nouveau l’expérience récemment, lors d’un stage de clown, et j’ai pu l’apprécier autrement : dans cette écoute fine du corps, dans la lenteur et la précision du geste.

Je comprends maintenant pourquoi certaines séances de massage ressemblent à une improvisation guidée : la personne massée et moi trouvons ensemble un rythme, une respiration commune.


instant suspendu, élévation dans le Requiem de Jean Charles Gil

Le lâcher-prise — une danse à deux

Ce voyage ne se fait pas seule. Il se crée dans la rencontre.

Comme dans un duo dansé, il commence par un accord silencieux : instaurer la confiance.

Avant même le premier geste, il y a cette écoute mutuelle, cette attention à l’autre qui permet au mouvement de naître.

Quand la personne massée se sent en sécurité, tout devient plus fluide.

Le corps se laisse aller, le mouvement devient plus libre.

De mon côté aussi, je lâche le contrôle : je ne “fais” plus le massage, je le vis.

La relation s’équilibre, s’ajuste — chacun trouve sa place, son rythme, son souffle.

« Un lâcher-prise complet. On ressent toute sa concentration, et au fur et à mesure on comprend tout le travail mis en place. »Christophe S.
« Un grand merci encore pour cette parenthèse enchantée pleine de silence et de douceur. Cela faisait longtemps que quelqu’un n’avait pas touché et pris soin ainsi de mon corps, moi qui le maltraite si souvent. »Claire D.

Le massage devient alors une danse partagée, un moment suspendu où le temps s’efface.

Il ne s’agit pas de technique, mais de présence — celle qui naît de la confiance, de l’écoute, du respect et de la bienveillance.

Certaines approches comme le Body-Mind Centering, créé par Bonnie Bainbridge Cohen, parlent d’un corps vivant, où chaque système (musculaire, osseux, fluide) peut être une source de mouvement et de conscience.

Cette vision fait écho à ce que je ressens : masser, c’est sentir la vie circuler, accompagner un mouvement déjà là.


effleurer, se donner confiance pour s'abandonner

Une recherche en mouvement

Aujourd’hui, je continue à explorer ce lien entre danse et massage.

Je ne cherche pas à poser de théorie ni à revendiquer une méthode.

J’observe, je ressens, je découvre.

Peut-être que ce que j’expérimente rejoint certaines approches somatiques sans que je les nomme.

Peut-être est-ce simplement une façon d’être au corps, à la fois dans le geste et dans la sensibilité.

« Marion masse en se confondant au corps de l’autre. Très concentrée et généreuse, elle libère les tensions par une manipulation respectueuse. »Céline A.

Ces témoignages me guident, ils me font réfléchir : et si le massage était une danse ?

Une danse du toucher, de la respiration et du lâcher-prise.



Une invitation

Ce texte est une étape dans ma recherche.Je n’ai pas toutes les réponses, mais j’ai l’envie de continuer à écouter ce dialogue entre le mouvement et le toucher.

Que ce soit dans la danse ou le massage, je crois que le corps parle le même langage : celui de la présence, du rythme et de la sensibilité.


Pour aller plus loin

• Glenna Batson — Somatic Studies and Dance, IADMS Resource Paper, 2009

• Bonnie Bainbridge Cohen — Sensing, Feeling and Action

• Moshe Feldenkrais — Prise de conscience par le mouvement

• F.M. Alexander — The Use of the Self


Marion Baudinaud

Massage sportif & bien-être — Angers



 
 
 

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